Les violences faites aux femmes recoupent la totalité des violences envers les femmes qu’elles soient physiques, sexuelles, psychologiques ou économiques, qu’elles aient lieu au sein du foyer, dans la rue ou au travail.
Elles sont reconnues comme des déterminants majeurs influençant la santé de ces femmes.
Les violences faites aux femmes représentent un enjeu important de santé publique, dont la prise de conscience est croissante : selon les données recueillies par l'INSEE et l’observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) en 2019, environ 220 000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont chaque année confrontées à une situation de violence « au sein du ménage », tandis que plus de 450 000 femmes sont victimes de violences « hors ménage ».
Quelques chiffres nationaux …
En 2019 :
- En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui, au cours d’une année, sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur conjoint ou ex-conjoint, est estimé à 213 000 femmes. (1)
- En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui au cours d’une année sont victimes de viols et/ou de tentatives de viol est estimé à 94 000 femmes.
- On estime qu'au début des années 2010, la France comptait environ 125 000 femmes adultes ayant subi des mutilations sexuelles.
- En 2019, 146 femmes et 27 hommes ont été tués par leur partenaire ou ex-partenaire intime. (Étude nationale sur les morts violentes au sein du couple).
Quelques chiffres en Nouvelle-Aquitaine
(issus du rapport OVSSNA - Rapport sur les violences sexistes et sexuelles en Nouvelle-Aquitaine 2020)
En Nouvelle-Aquitaine :
- 14666 victimes* de violences conjugales ont été constatées par les forces de sécurité entre janvier et octobre 2022 (*:Faits enregistrés par la police et la gendarmerie classés dans les violences au sein du couple (partenaire intime, conjoint ou ex-conjoint) concernant les homicides, tentatives d’homicide et coups et blessures mortels, violences physiques, violences sexuelles, violences psychologiques. Ces chiffres concernent les femmes et les hommes, et le terme de féminicide n’est pas employé par les forces de sécurité. La qualité de victime est reconnue à la clôture de la procédure.) (sources : Observatoire des violences sexistes et sexuelles de Nouvelle-Aquitaine)
- 1 658 fiches concernant les violences « femmes victimes, hommes auteurs » saisies par les écoutantes du 3919 en Région Nouvelle-Aquitaine. (Source : Fédération Nationale Solidarité Femmes)
Les violences faites aux femmes font l’objet d’une politique publique depuis plus de dix ans, avec plusieurs plans nationaux. Elles constituent une priorité majeure du Gouvernement, avec un "Grenelle" sur les violences conjugales lancé le 3 septembre 2019, qui a abouti à de nombreuses mesures visant à mieux prévenir ces violences et à accompagner les victimes.
Des outils nationaux sont disponibles :
- Le numéro national d’écoute 39 19 désormais joignable 24h/24h et 7 jours/7,
- La plateforme arretonslesviolences.gouv.fr : site à destination des victimes et des témoins de violences qui met en avant tous les moyens mis à leur disposition pour réagir face à ces violences. Il s’adresse également aux professionnels qui peuvent y trouver les outils pour se former à détecter et prendre en charge tous les types de violences.
- En cas d’urgence appelez le 17 ou par SMS le 114.
En Nouvelle-Aquitaine, l’Agence Régionale de Santé s'est engagée avec la Direction Régionale aux Droits Des Femmes et à l’Egalité (DRDFE) pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, à travers une convention de partenariat.
Signée le 25 novembre 2021 pour une durée de 5 ans, cette convention d’objectifs partagés entre l’ARS et la DRDFE fixe les orientations stratégiques communes et détermine les modalités et les outils d’une collaboration structurante et pérenne dans différents domaines (prévention, offre de soins, ressources humaines en santé, précarité, handicap).
Elle regroupe plus de 60 actions concrètes réparties en 4 axes :
- Axe 1 : Lutte contre toutes les violences sexuelles et sexistes ;
- Axe 2 : Promotion des droits sexuels et reproductifs ;
- Axe 3 : Lutte contre les inégalités de genre en matière de santé et de recours au soin ;
- Axe 4 : Promotion de l'égalité professionnelle dans la fonction publique hospitalière.
A l’occasion de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, le 25 novembre 2022, l’ARS Nouvelle-Aquitaine et la DRDFE lancent une campagne de prévention et de détection des violences faites aux femmes « arrêtons les violences 3919 » auprès de 835 officines de pharmacies rurales.
Cette action s'inscrit dans la continuité du dispositif d’alerte en pharmacie qui avait été impulsé par le Gouvernement pendant le premier confinement en mars 2020. Elle vise à favoriser l'identification de nouvelles victimes et à informer les victimes, témoins et auteurs des dispositifs existants au niveau national comme au niveau local.
Dans un objectif “d’aller-vers”, cette campagne s’appuie sur 830 pharmacies de la région qui distribueront 415000 sachets de médicaments comprenant des informations pratiques destinées aux victimes, aux auteurs et aux témoins de violences conjugales.
Le recto du sachet comprendra les numéros d’urgence, les numéros des plateformes nationales spécialisées et ceux des associations locales de lutte contre les violences. Le verso comprendra le “violentomètre” outil d’auto-diagnostic d’exposition aux violences, conçu par le Centre Hubertine Auclert.
Violentomètre
Outil simple de sensibilisation aux violences conjugales, le violentomètre est présenté sous forme de règle. Il propose 24 échelons pour « mesurer » et identifier d’éventuelles violences au sein du couple. Soit 24 situations qui questionnent, créent le débat et éclairent : à partir de quand dois-je considérer que ma relation est toxique ?
Pour répondre aux conséquences des violences sur la santé des femmes, multiples et
désormais bien appréhendées dans leurs différents volets physique, psychique et
comportemental, les professionnels et acteurs susceptibles d’intervenir aux différents stades de ces parcours sont multiples et issus des champs sanitaire, social, médico-social ou judiciaire. Le rôle des établissements de santé, dans la prise en charge en urgence de ces situations mais également dans l’établissement d’un plan de soins, la réalisation de prises en charge spécialisées (chirurgies) voire de recours (chirurgie réparatrice) apparaît majeur.
Dispositif violence faites aux femmes (VFF)
L’Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine finance des dispositifs dédiés à la prise en charge des femmes victimes de violences implantés au sein de structures hospitalo-universitaires ou hospitalières. Ils répondent aux principes suivants :
- Une vocation sanitaire, tout en proposant aux femmes un accompagnement social, médico-social et judiciaire adapté ;
- La capacité de fédérer une diversité de partenaires et d’organiser l’orientation des femmes, pour leur assurer l’accès à la diversité des prestations dont elles ont besoin ;
- Un objectif de couverture territoriale des besoins des femmes, au-delà de la seule zone d’attractivité « naturelle » de l’établissement de santé porteur du projet.
L’ARS Nouvelle-Aquitaine soutient 7 dispositifs dédiés à la prise en charge des femmes victimes de violence :
- CHU Poitiers
- CHU Bordeaux
- CH Arcachon
- CHU Limoges
- CH Brive
- CH Saintes
- CH Pau
Ces dispositifs sont complémentaires aux autres dispositifs à destination des victimes des violences mis en place pour un maillage territorial cohérent :
- ceux proposant une prise en charge des victimes plus large :
- les unités médico-judicaires (UMJ) : les dispositifs VFF retenus en Nouvelle-Aquitaine sont adossés à une unité médico-judiciaire (UMJ) lorsqu’elle existe, ce qui est pertinent afin d’organiser une réponse coordonnée et pluridisciplinaire aux victimes de violence (médecine légale, aide aux démarches en justice, prise en charge somatique précoce de tout ordre et psychologique)
- les unités d’accueil pédiatrique enfants en danger (UAPED),
- les équipes ressources régionales référentes pour les enfants victimes de violence,
- les centres de psychotraumatisme.
- ceux accompagnant des femmes victimes de violences qui émergent dans la région (ex : Maison d’Ella en Gironde portée par le CACIS, Orchidées Rouges à Bordeaux…) ;
Exemple de la Maison d’Ella
Sur le modèle de la Maison des femmes de Saint Denis, le CACIS, centre de planification et d’éducation familiale, a créé la Maison d’Ella. Cette structure permet une offre de soins pluridisciplinaire en Gironde pour accompagner les personnes victimes de violences sur la durée (violences physiques et/ou violences sexuelles qu’elles soient intrafamiliales, conjugales ou d’une autre nature et/ou mutilations sexuelles).
Elle permet également l’animation d’un réseau associatif sur les violences faites aux femmes en Nouvelle Aquitaine articulé avec la future unité de prise en charge régionale du psycho-traumatisme.
- un accueil, une écoute spécialisée, un accompagnement sur la durée
- des groupes de parole co-animés
- des consultations multi professionnelles pour une prise en charge globale
- des formations et échanges de pratique
Cette politique publique de lutte contre les violences faites aux femmes mobilise un important réseau local d'acteurs institutionnels et associatifs (RESAIDA - Réseau d'Education pour la Santé, Sexualité, SIDA, Addictions, Violences, planning familial, Centre Accueil Consultation Information Sexualité (CACIS), etc.).
Egalement, de nombreux projets de prévention contre les violences faites aux femmes sont mis en œuvre et soutenus en Nouvelle-Aquitaine :
- Prévention des violences intrafamiliales
- Prévention des violences conjugales faites aux femmes
- Aide à la reconstruction psychologique et à l'autonomie de ces femmes victimes de violences conjugales et soutien à leur parentalité
- Groupe de parole à destination des victimes de violences intrafamiliales
- Promotion de la santé sexuelle - Écoute, information, orientation sur les questions de sexualité, contraception, prévention, violences
