Déploiement du plan antichute des personnes âgées en Nouvelle-Aquitaine

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Région la plus âgée de France, la Nouvelle-Aquitaine est également la deuxième région de l’Hexagone en termes d’hospitalisations et de décès liés aux chutes des personnes âgées. Pour inverser la tendance, l’Agence Régionale de Santé avec l’appui du Gérontopôle Nouvelle-Aquitaine impulse et coordonne un plan d’action volontariste, en concertation avec plus de 70 organisations.

L’objectif fin décembre 2024 est de réduire de 20% les chutes mortelles et les séjours hospitaliers pour les personnes âgées de 65 ans et plus.

En France, les chutes entraînent chaque année plus de 100 000 hospitalisations de personnes âgées et plus de 10 000 décès. Pour la seule région Nouvelle-Aquitaine, on dénombrait en 2020  17 658 séjours hospitaliers consécutifs à une chute et 1 146 décès. Même si les conséquences ne sont pas toujours graves, ces chutes  marquent toujours une rupture dans la vie des individus et peuvent être à l’origine d’une perte d’autonomie progressive.

La déclinaison en Nouvelle-Aquitaine du plan national

Pour  faire face à cet enjeu majeur de santé publique, le Gouvernement a lancé en février 2022 un plan national « antichute » en 5 axes, dont l’ambition est de réduire de 20% les chutes mortelles en 3 ans. La mise en œuvre et la déclinaison régionale de ce plan ont été confiées aux agences régionales de santé.

En Nouvelle-Aquitaine, l’objectif est d’éviter 3 500 hospitalisations et 230 décès d’ici fin 2024.

Un dispositif de prévention co-portée par les acteurs du bien vieillir

Dès  le mois d’avril 2022, sous l’égide de l’ARS Nouvelle-Aquitaine et avec l’appui du Gérontopôle,  un travail a été engagé en concertation avec tous les acteurs régionaux de la prévention des chutes : les conférences des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie (CFPPA), les conseils départementaux, les caisses locales d’assurance maladie et de retraite, le conseil régional, les acteurs du monde de l’habitat, le secteur de la recherche et de l’innovation, les professionnels du champ social, médico-social et sanitaire.

L’ARS, avec l’appui du Gérontopôle Nouvelle-Aquitaine et de l’Observatoire régional de la santé, a dressé un état des lieux de toutes les actions menées en Nouvelle-Aquitaine et du nombre d’acteurs impliqués dans la prévention des chutes.

Ce sont près de 700 actions régionales, portées par plus de 500 acteurs qui ont été recensées. Ce recensement a servi de base de réflexion pour élaborer un plan d’action régional pour consolider ou développer l’offre existante.

Sur la base des 5 axes du plan antichute (savoir repérer les risques de chutes et alerter/Aménager son logement pour éviter les risques de chutes / Mettre en place des aides techniques à la mobilité pour tous / Promouvoir l’activité physique / Développer la téléassistance pour tous) ont été identifiés des pilotes au sein des Conseil départementaux et des délégations départementales de l’ARS.

Un réseau de contributeurs régionaux a été mis en place. 6 ateliers d’ « intelligence collective » ont fédéré 110 participants et 71 organisations contributrices. Cette dynamique a abouti à la création de fiches actions transposables à l’ensemble de la région. 

Exemples d’actions déclinées autour des 5 axes du plan national

Axe 1 : Savoir repérer les risques de chutes et alerter

Pour prévenir efficacement les risques de chutes, les signes avant-coureurs doivent être mieux connus et mieux dépistés.

L’ARS Nouvelle-Aquitaine et ses partenaires souhaitent développer la démarche proactive de repérage et de prévention des fragilités ICOPE, conçue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui est déjà en cours de déploiement dans plusieurs départements (Charente-Maritime, Dordogne, Landes, Vienne,...).

A l’initiative des dispositifs d’appui à la coordination (DAC), des EHPAD, des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), professionnels de santé de premier recours, l’objectif est de déployer ce programme dans toute la région pour augmenter significativement le nombre de professionnels formés, et le nombre personnes dépistées.

Via l’application « Icope Monitor », la première étape de la démarche ICOPE permet de dépister 6 facteurs majeurs de risque de dépendance, dont certains ont une incidence sur le risque de chute : les troubles visuels, auditifs, nutritionnels, dépressifs, cognitifs et de mobilité.

Axe 2 : Aménager son logement pour éviter les risques de chutes

L’adaptation et la sécurisation des logements sont une condition sine qua non du maintien à domicile des personnes âgées. Mais le logement peut aussi être utilisé pour des actions ciblées de prévention et de sensibilisation des séniors.

L’ARS Nouvelle-Aquitaine et ses partenaires souhaitent s’appuyer sur les bailleurs sociaux pour promouvoir des messages de prévention auprès des personnes âgées de 85 et plus. Déjà mise en place par Domofrance dans la métropole bordelaise, elle se concrétise pas des appels d’ergothérapeutes permettant d’identifier les situations à risque, et de mener un diagnostic ergothérapique à domicile.

L’objectif est de promouvoir cette initiative dans toute la Nouvelle-Aquitaine, en sensibilisant les financeurs de la prévention de la perte d’autonomie.

Axe 3 : Des aides techniques à la mobilité adaptées à tout public

Retrouver ou prolonger sa mobilité grâce l’intervention d’aides techniques est un enjeu essentiel de la prévention des chutes.

La Nouvelle-Aquitaine va encourager le prêt et le recyclage des aides techniques pour les rendre plus accessibles. Elle va aussi développer un modèle d’économie circulaire, favorisant le réemploi. Le but est de faire émerger ou de consolider, dans l’ensemble de la région, des initiatives telles que la RECYCLOTHEQUE®, un service de collecte, de réemploi des aides techniques et d’accompagnement en ergothérapie développé par le Groupement pour l’Insertion des personnes Handicapées Physiques (GIHP) Aquitaine.

Par ailleurs, l’ARS Nouvelle-Aquitaine poursuivra et valorisera les 4 expérimentations actuellement en cours des« Équipes Locales d’Accompagnement sur les Aides Techniques (EqLAAT) ». Ces équipes accompagnent les personnes âgées ou en situation de handicap en assurant l’évaluation de leurs besoins et les accompagnent dans l’usage des aides technique. La Nouvelle-Aquitaine est la région accueillant le plus de structures de ce type.

Axe 4 : L’activité physique, meilleure arme antichute

L’activité physique, et notamment l’activité physique adaptée, constitue un levier majeur pour réduire le risque de chute. Cependant, tous les séniors ne sont pas capables de se lancer, seuls, dans la démarche de pratique d’activité physique ou sportive, en particulier lorsqu’ils sont isolés géographiquement ou socialement.

L’enjeu pour l’ARS Nouvelle-Aquitaine et ses partenaires est donc de favoriser l’activité physique adaptée en s’appuyant sur le relais des services d’aide et d’accompagnement à domicile, et en développant une offre d'activité mobile de proximité.

Le développement des programmes d’activité physique adaptée standardisés, ayant fait la preuve de leur efficacité pour réduire les chutes seront préconisées dans les EHPAD.

Axe 5 : La téléassistance pour tous.

La téléassistance à domicile, mais également les SDIS et le SAMU, jouent un rôle majeur dans le repérage et le suivi des personnes qui chutent fréquemment.

Dans plusieurs départements de Nouvelle-Aquitaine (Lot-et-Garonne, Vienne, Haute-Vienne...), les dispositifs d’appui à la coordination (DAC) ont mis en place des partenariats opérationnels avec eux afin d’organiser un parcours d’accompagnement « post-chute ». Ce dispositif repose sur l’élaboration d’un bulletin d’alerte, rempli par les pompiers ou les services de téléassistance en cas de chute, puis transmis au DAC. Ce dernier peut ainsi prendre contact avec la personne qui chute et essayer de trouver des solutions pour éviter les récidives.

De tels partenariats ont vocation à essaimer dans l’ensemble de la région.