Dans cette optique, les acteurs de la Gironde ont enclenché, fin 2017, un travail de réflexion et initié une démarche de diagnostic partagé afin de déterminer les priorités pour le département.
Sous l’égide de la délégation départementale de l’Agence régionale de santé en Gironde (DD 33), et grâce au portage assuré conjointement par le Groupement de coopération sanitaire psychiatrie publique 331 et la commission Santé Mentale du Comité Territoriale de santé (CTS) de Gironde, le PTSM de Gironde a été finalisé à l’issue d’une période dynamique et participative de 18 mois (janvier 2018 à juin 2019) associant près de 120 acteurs issus de divers secteurs (représentants des usagers, établissements sociaux et médico-sociaux, Préfecture, Collectivités locales, Education Nationale, représentants des professionnels libéraux, acteurs de l’emploi, du logement, associations, forces de l’ordre, service départemental d'incendie et de secours, universités, Justice, …).
L’assemblée plénière du CTS de Gironde, s’est réunie le 28 juin 2019, et a approuvé à l’unanimité le projet présenté. Nombreux ont été les membres à souligner le caractère remarquable de ce projet. Le Directeur Général de l’ARS Nouvelle-Aquitaine a, quant à lui, salué un « travail magnifique élaboré grâce à une méthode très participative ».
Au total, ce sont 23 projets, détaillés par autant de fiches-actions, qui structurent le PTSM de Gironde. Les objectifs poursuivis par l’ensemble des projets constituent désormais les fondements de la politique territoriale de santé mentale en Gironde, en s’inscrivant dans les priorités du décret du 27 juillet 2017, qui sont les suivantes :
- Repérer précocement les troubles psychiques, améliorer l’accès au diagnostic, aux soins et aux accompagnements
- Permettre des parcours de santé, de vie de qualité et sans rupture
- Améliorer l’accès aux soins somatiques
- Prévenir et prendre en charge les situations de crise et d’urgence
- Promouvoir les droits des personnes, renforcer leur pouvoir d’agir, lutter contre la stigmatisation
- Agir sur les déterminants sociaux, environnementaux et territoriaux de la santé mentale.
Le PTSM de Gironde a été approuvé début février 2020 par le Directeur Général de l’ARS Nouvelle-Aquitaine. Il est donc le 1er PTSM de la région à être officialisé. Afin de contribuer au déploiement des projets, une enveloppe financière d’un montant total de 785.500€ lui sera spécifiquement consacré pour toute la durée du PTSM, soit pour les 5 prochaines années.
A titre d’illustration, quelques actions d’ores et déjà conduites dans le cadre du PTSM girondin sont présentés ci-après.
1 Le GCS « Psychiatrie Publique 33 » est composé des 3 établissements publics de santé mentale de Gironde (CH Cadillac, Charles Perrens et Libourne). Cette structure impulsée par l'Agence Régionale de Santé d'Aquitaine, a pour but principal d'améliorer les parcours de santé des girondins en « fédérant les 3 établissements, autour de la définition et de la mise en œuvre d'une stratégie cohérente commune dans le secteur de la santé mentale.
- Les équipes mobiles ressources auprès des établissements accueillant des jeunes de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) et de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).
Compte-tenu du défaut d’accès aux soins psychiatriques des jeunes de l’ASE et de la PJJ, et du nombre important de situations complexes en Gironde nécessitant des interventions coordonnées, trois équipes mobiles mixtes, associant des professionnels du secteur sanitaire et médico-social, sont en cours de déploiement sur chacun des secteurs propres aux trois établissements publics de santé mentale du département, les centres hospitaliers de Cadillac, Charles Perrens, et Libourne. L’objectif de ces équipes est de pouvoir intervenir sur une centaine de situations complexes, tous les ans, au sein même des établissements, afin de favoriser des prises en charge les plus précoces possibles et éviter notamment des hospitalisations injustifiées . Reposant sur une logique de « l’aller vers », ce projet d’équipe mobile répond aux besoins prégnants des professionnels travaillant dans les établissements de la protection de l’enfance, et à la nécessité d’interventions plus réactives, pour des prises en charge et orientations plus adaptées.
Une équipe mobile inclusive par le logement et l’emploi (EMILE), portée par l’association pour la réadaptation et l'intégration (ARI), s’est constituée dans le but de favoriser, pour les personnes atteintes de troubles psychiques, l’accès et le maintien dans un logement de droit commun, ainsi que l’accès à l’emploi. Ses modalités d’intervention reposent également sur le principe de « l’aller vers », et ses objectifs portent en priorité sur le rétablissement et l’inclusion des personnes dans le milieu ordinaire. Dans cette optique, EMILE pourra intervenir directement auprès des bailleurs et employeurs dans le cadre d’un plan d’accompagnement mis en œuvre avec la personne concernée.
Pour plus d'information sur ARI : https://ari-accompagnement.fr/wp-content/uploads/2020/01/Plaquette-EMILE.pdf
Afin de répondre à la nécessité de mise en place, sur la Gironde, d'un dispositif de réponse aux urgences psychiatriques, divers acteurs, de différents champs (forces de l'ordre, SDIS, Préfecture, représentants des professionnels libéraux, SOS médecins, SAMU-Centre 15, ARS, représentants des usagers et familles, ...) se sont réunis dans le cadre du PTSM de Gironde pour définir, ensemble, un dispositif départemental innovant qui puisse renforcer la prévention et mieux gérer de façon concerté et coordonné les interventions lors des situations de crise et d'urgence, et par conséquent améliorer les prises en charge.
Concrètement, ce projet doit, dans un premier temps, constituer une plateforme téléphonique (« Questions Psy »), tenue par un infirmier expérimenté, et ouverte tous les jours de 10h à 18h (week-ends et jours fériés compris), qui permettra d’apporter, aux usagers, familles et professionnels, des informations, conseils et orientation dans le champ de la psychiatrie.
D’autre part, le projet envisage à terme, de renforcer le SAMU-Centre 15 (CHU de Bordeaux), notamment par la présence d’infirmières de pratique avancée (IPA) en psychiatrie, dans le but d’appuyer le médecin régulateur et de fluidifier les réponses à apporter en cas de problématiques psychiatriques.
La mise en place de formations interprofessionnelles et l’élaboration de procédures communes avec l’ensemble des acteurs concernés devront favoriser, en outre, des prises en charge réactives et adaptées en cas d’urgence.
Par conséquent, ce dispositif innovant et transversal, répond à un enjeu majeur de santé publique à l’échelle de la Gironde: celui de l’accès aux soins psychiatriques pour les personnes qui ne sont pas toujours en capacité, ni d’en demander, ni d’y consentir.
A titre indicatif, 15000 appels environ, pour motifs psychiatriques, sont régulés chaque année par le SAMU-Centre 15 - CHU de Bordeaux.
Pour plus d'informations : https://www.ch-perrens.fr/questions-psy-ouverture-en-septembre-2020
Bien que non exhaustif, ces quelques actions illustrent bien le caractère concret et l’intérêt majeur du PTSM de Gironde en matière de repérage précoce des troubles psychiques, modalités d’intervention axées sur « l’aller vers », gestion des parcours complexes, pratiques coordonnées des professionnels, et de façon plus générale, l’enjeu en termes d’organisation du système de santé mentale en Gironde.
En ce sens, une démarche d’évaluation médico-économique sera rapidement initiée afin de pouvoir mesurer, in fine, l’impact des projets conduits dans le cadre du PTSM de Gironde.