La maîtrise de l’antibiorésistance, une priorité de santé publique

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Vignette antibioresistance

L'augmentation régulière de la résistance aux antimicrobiens fait peser une menace d'une ampleur exceptionnelle sur la santé publique. Au niveau européen, la France est un des pays les plus gros consommateurs d'antibiotiques.
Elle mène depuis de nombreuses années un plan d'action national de bon usage des antibiotiques pour diminuer cette consommation et rejoindre la moyenne Européenne.

La lutte contre l’émergence et la propagation des résistances bactériennes s’appuie sur quatre piliers :

  • la surveillance,
  • la prévention des infections,
  • la maîtrise des consommations d’antibiotiques ; le bon usage, la formation et la communication,
  • le développement de solutions thérapeutiques, la recherche et l’innovation.

Parmi les actions prioritaires, la promotion de la juste utilisation des antibiotiques a pour objectif de concourir à :

  • une meilleure prise en charge des patients,
  • une résorption des prescriptions et des consommations injustifiées,
  • un allègement de la pression de sélection des agents antimicrobiens,
  • un moindre développement des résistances bactériennes.

L'antibiorésistance en questions :

L'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) s'est fortement mobilisée dans la lutte contre la résistance aux antibiotiques, notamment par l’animation du réseau national Résapath, l’évaluation bénéfice/risque avant autorisation de mise sur le marché des antibiotiques en médecine vétérinaire, la surveillance des volumes de vente en médecine vétérinaire , la conduite de travaux d’évaluation des risques liés à l’utilisation des antibiotiques en santé animale ou encore par ses activités de recherche et de référence.

Jean-Pierre Orand, directeur de l’Agence nationale du médicament vétérinaire, Jean-Yves Madec, directeur scientifique en charge de l’Antibiorésistance et Gilles Salvat, directeur de la santé et du bien-être animal, présentent sous forme d'interviews les progrès constatés ces dernières années en matière d’antibiorésistance.

Pour en savoir plus : Le site de l'ANSES - L'antibiorésistances en questions

Au niveau national :

Après le troisième plan national d’alerte sur les antibiotiques 20112016, l’instruction du 19 juin 2015 a confié aux Agences Régionales de Santé (ARS) un rôle de pilotage régional, en coordination avec l’Assurance Maladie, dans la mise en œuvre de la lutte contre l’antibiorésistance.

Cette instruction a élargi la circulaire du 2 mai 2002 dans un but de décloisonnement et a étendu la lutte contre l’antibiorésistance aux champs ambulatoire et médico-social, en lien avec le Programme national de prévention des infections associées aux soins PROPIAS 2015.

Le rapport de juin 2015 du docteur Jean Carlet et Pierre Le Coz pour le Ministère de la Santé, formule également un certain nombre de propositions qui ont permis une déclinaison en objectifs opérationnels lors du premier Comité interministériel pour la santé consacré le 17 novembre 2016 à la maitrise de l’antibiorésistance.

Retrouvez tous les documents nationaux sur la résistance bactérienne et la consommation d’antibiotiques qui ont été mis en ligne mercredi 15 novembre 2017 par santé Publique France lors de la journée européenne sur les antibiotiques du 18 novembre 2017.

Au niveau européen et mondial :

La semaine mondiale de l’OMS s'est déroulée du lundi 13 novembre au dimanche 19 novembre 2017.

Des outils sont disponibles sur le site de l’OMS :

Site de l'OMS - Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques

Le site de l’ECDC (informations en anglais) présente des infographies :

Le site de l'ECDC (European Centre for Disease Prevention and Control) - Journée européenne d’information sur les antibiotiques

Les données épidémiologiques européennes ont été mises en ligne le 15 novembre 2017 :

Le site de l'ECDC (European Centre for Disease Prevention and Control)

Pour décliner sa politique régionale, l’ARS s’appuie, en coordination avec le Directeur coordonnateur de la gestion du risque (DCGDR) de l’Assurance Maladie, sur un partenariat avec les structures régionales de vigilance et d’appui, les établissements de santé et en particulier les services d’infectiologie et les professionnels de santé des trois secteurs de soins et leurs instances.

Les actions régionales sont déclinées dans les cinq axes suivants :

  • Organiser le pilotage régional et ses instances,
  • Améliorer la surveillance des consommations en antibiotiques et des résistances bactériennes dans tous les secteurs de soins,
  • Renforcer le conseil en antibiothérapie,
  • Développer l’information et la formation des prescripteurs,
  • Développer la communication pour l’information et la sensibilisation du grand public au bon usage des antibiotiques.

Organiser le pilotage régional et ses instances : mobiliser les acteurs et coordonner leurs actions :

La définition et la coordination de la mise en œuvre des actions régionales nécessitent la mise en place d’une instance de pilotage qui réunisse tous les acteurs concernés et puisse faire appel, en tant que de besoin, à une expertise extérieure.

Le comité de pilotage se réunit deux fois par an pour définir les orientations régionales sur la base d’un état des lieux actualisé et suivre la mise en œuvre des actions d’amélioration.

Il s’appuie sur le travail de groupes thématiques :

  • Mesure et surveillance des consommations et des résistances,
  • Renforcement du conseil en antibiothérapie,
  • Communication.

Améliorer la surveillance des consommations en antibiotiques et des résistances bactériennes dans tous les secteurs de soins ; développer la surveillance de la qualité des prescriptions d’antibiotiques :

Le suivi des consommations en antibiotiques et des résistances bactériennes est mis en œuvre depuis de très nombreuses années dans les établissements de santé volontaires par le biais des outils de surveillance nationale ATB-RAISIN BMR-RAISIN.

En plus de ces outils de surveillance nationaux, les établissements de santé de Nouvelle-Aquitaine sont accompagnés dans le déploiement de l’outil ConsoRes dont le bénéfice individuel est d’aider à l’animation de la politique locale des établissements.

Un nouvel outil de recueil, déployé par la structure MedQual, est également mis en œuvre dans le secteur ambulatoire.

MedQual propose l’analyse des données de consommation d’antibiotiques transmises par l’Assurance Maladie et des données de surveillance des résistances transmises par les laboratoires de biologie médicale fédérés en réseau, permettant ainsi de prioriser les actions dans l’ensemble des secteurs de soins pour un usage raisonné des antibiotiques.

Cette surveillance est ciblée sur des couples bactéries-antibiotiques et des types de prélèvements prédéfinis. Le suivi de ces données a pour finalité :

  • De décrire les caractéristiques de résistances de certaines bactéries isolées en ville (E.coli, SARM),
  • D’en suivre les tendances dans le temps,
  • D’adapter les actions régionales aux résultats,
  • De communiquer sur ces résultats, tant auprès des contributeurs que dans un cadre plus large auprès des prescripteurs.

Renforcer le conseil en antibiothérapie et le réseau des référents en antibiothérapie :

Une part encore considérable de la consommation d’antibiotiques est attribuée à des traitements inutilement prescrits pour des infections virales ou indument prolongés. On estime que dans 40 % des cas à l’hôpital et dans 60 % des cas en ville, des antibiotiques sont inutilement prescrits contre des virus. La sur-prescription d’antibiotiques participe directement à l’émergence de la résistance et représente un coût inutile pour le système de santé.

Face à ces constats, un accompagnement des prescripteurs de ville et hospitaliers s’appuiera sur le renforcement de l’accès permanent à un conseil en antibiothérapies sous forme d’avis ou d’expertise.

Développer l’information et la formation des prescripteurs et promouvoir les outils d’aide et l’évaluation :

L’amélioration de la qualité de la prescription est donc un enjeu central de la maîtrise de l’antibiorésistance, en particulier dans le secteur de ville qui correspond à plus de 90% des prescriptions d’antibiotiques.

Sont déployées des actions de formations ainsi que la promotion et la mise à disposition d’outils d’aide :

Développer la communication pour l’information et la sensibilisation du grand public au bon usage des antibiotiques :

La population française reste l’une des plus grosses consommatrices d’antibiotiques.

Afin de renforcer la prévention et la maîtrise de l’antibiorésistance, cette situation justifie l’intensification des messages d’information vers les professionnels de santé et aussi des messages pédagogiques vers le grand public pour sensibiliser les usagers au rôle important qu’ils jouent dans la maîtrise de l’antibiorésistance.

L’objectif est :

  • d’adapter les messages et la diffusion des outils de communication à l’état des lieux régional,
  • d’adapter les outils régionaux à la Nouvelle-Aquitaine,
  • renforcer les messages auprès des parents de jeunes enfants et des enfants et adolescents,
  • déployer des actions de sensibilisation à la prévention (relais national) : vaccination, hygiène des mains…

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