Depuis 1996, l’Agence Régionale de Santé, surveille près de 25 gisements naturels, le but étant de protéger la santé des consommateurs en les informant sur la qualité sanitaire des coquillages.
Un coquillage se comporte comme un intégrateur de pollution bactérienne. Aussi, pour ses besoins physiologiques (alimentation, respiration), il filtre d’importantes quantités d’eau. A ce titre, des agents contaminants peuvent alors se concentrer dans sa chair et être préjudiciables pour la santé du consommateur de coquillages.
Plusieurs types de contamination peuvent toucher les coquillages, néanmoins les risques sanitaires associés à une consommation de coquillages ne sont pas les mêmes que l’on soit pêcheur à pied de loisir ou consommateurs de coquillages en provenance du commerce.
Les coquillages commercialisés, issus de la filière professionnelle (conchyliculture ou pêche professionnelle), répondent à des contrôles spécifiques. Lorsque cela est nécessaire, ils bénéficient de procédés de purification, garantissant leur qualité sanitaire.
Les coquillages pêchés dans le cadre de la pêche récréative sont consommés sans traitement ou suite à une cuisson souvent réduite. Aussi les risques sanitaires sont bien plus présents pour des consommateurs de coquillages dans le cadre d’une activité de loisir que les consommateurs de coquillages issus de la filière professionnelle.
La contamination bactériologique des coquillages :
Elle correspond à la présence dans les eaux et les coquillages de germes microbiens (bactéries, virus et parasites) dont certains peuvent être pathogènes pour l'homme. Cette contamination concerne pour l'essentiel des germes pathogènes d'origine fécale humaine et animale.
Quelle origine ?
Les zones de pêche à pied se situent sur la zone de balancement des marées. De ce fait, elles sont influencées par les facteurs naturels mais aussi anthropiques
Les sources de la contamination microbiologique sont diverses. Elles peuvent provenir, entre autre, d’un dysfonctionnement au niveau :
- d’un assainissement collectif (insuffisances, défauts structurels ou dysfonctionnement ponctuels des systèmes d'assainissement collectif des eaux usées domestiques ou pluviales (Station d’épuration, réseau d'assainissement, poste de relèvement)) ;
- d’un assainissement non-collectif (ou assainissement autonome : défaillances ou non-conformités des équipements (fosse septique, épandage)) ;
Mais aussi :
- des activités récréatives du littoral ;
- de la faune sauvage
D'autres facteurs interviennent également dans le processus de contamination des coquillages :
- la saison : en saison estivale les activités de tourisme augmentent la pression anthropique sur le littoral (le nombre d'habitant croissant et les rejets),
- la pluviométrie : les précipitations entrainent le ruissellement des sols jusqu'au cours d'eau et jusqu’au littoral. En cas de forte pluie, elles peuvent occasionner la saturation ou le mauvais fonctionnement des ouvrages d'assainissement,
- la géomorphologie du bassin versant : le relief, la géologie, l'importance du réseau hydrographique (les cours d'eau), l'occupation des sols...,
- la physiologie et l'habitat des coquillages : les coquillages filtrent des quantités d’eau différentes selon les espèces. Les coquillages fouisseurs auront tendance à être plus contaminés.
Pour quels effets sur la santé ?
La consommation de coquillages présentant une mauvaise qualité microbiologique peut entrainer l’apparition de symptômes similaires à une gastro-entérite : maux de ventre, diarrhées, nausées et vomissements. Dans des cas plus graves, des maladies infectieuses peuvent se déclarer comme l’hépatite A ou la salmonellose (fièvre typhoïde...).
D’autres contaminants existent, à savoir :
- La contamination par les phycotoxines des coquillages correspond à la présence de micro algues pouvant sécréter des phycotoxines, susceptibles de nuire à la santé. Les plus répandues étant Dinophysis (produisant des toxines diarrhéiques), Alexandrium (produisant des toxines paralysantes) et Pseudo-nitzchia (produisant des toxines amnésiantes).
Ces toxines sont thermostables, c'est-à-dire qu’elles résistent à la cuisson. Ce risque est particulièrement important au début du printemps jusqu’ la fin de l'été, période pendant laquelle, la croissance algale est forte.
- La contamination chimique des coquillages correspond à la présence de micropolluants généralement pas d'origine naturel. La présence de composés chimiques dans l’eau peut représenter un risque d’intoxication pour l’Homme. La plupart de ces polluants, selon leur concentration peuvent être dangereux pour la santé. On retrouve les contaminants métalliques (cadmium, plomb, mercure...), les hydrocarbures, les pesticides, les polluants organiques persistants… Les sources de contamination sont multiples, mais les principales causes de pollution restent les effluents industriels et agricoles.
Les effets sur la santé dépendent de la nature des composés chimiques ingérés. Ces effets ne se manifestent pas de façon aussi aigüe que dans le cas des intoxications microbiennes ou liées aux phycotoxines, sauf à être exposé à des concentrations très importantes. Ce risque est plutôt associé à des expositions à de faibles concentrations mais sur du long terme. L’accumulation dans l’organisme génère diverses pathologies (troubles neurologiques, rénaux, cancer…).
Ce risque est surtout identifié à l’embouchure de la Garonne du fait d’une pollution historique et à proximité des activités littorales polluantes reconnues (ports, exutoires de station d’épuration, industries…). Partout ailleurs, le bruit de fond de cette contamination reste en dessous des seuils sanitaires. La contamination chimique chronique des gisements naturels est rare et ce risque est plus souvent la conséquence d'événements accidentels (accident industriel sur le bassin versant, incendie d’entrepôt, échouage, marées noires…).
Source : Document réalisé par l’ARS de Normandie
Afin de prévenir tout risque sanitaire pour le consommateur de coquillages, plusieurs réseaux de surveillance sont mis en place, sur les gisements professionnels par l’Ifremer (Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer), et sur les gisements ouverts à la pêche à pied récréative, par l’ARS. Ces réseaux portent sur :
- la surveillance de la contamination microbiologique,
- la surveillance de la contamination des phycotoxines (REPHY),
- la surveillance de la contamination chimique (ROCCH).
La surveillance de la contamination microbiologique :
En raison de la diversité des germes pathogènes, de leur recherche plus délicate en laboratoire et de leur faible présence dans l'environnement, un paramètre unique, Escherichia coli est utilisée comme traceur des contaminations microbiologiques. Cette bactérie, le plus souvent non-pathogène, est analysée pour indiquer la présence d'une contamination fécale des coquillages et en quelle quantité. Elle informe sur la probabilité de la présence d'autres germes pathogènes. Plus la numération est importante, et plus la probabilité de présence d'autres germes pathogènes existent, et donc le risque sanitaire, augmente.
L’Ifremer exerce, via le réseau REMI, un contrôle bactériologique sur les zones de production professionnelle. Ces gisements sont également très fréquentés par des pêcheurs amateurs, le réseau REMI complète donc utilement le réseau de suivi de pêche de loisirs des ARS.
L’ARS exerce quant à elle une surveillance bactériologique sur les zones de pêche à pied récréative. 24 sites sont surveillés chaque année à raison d’un prélèvement réalisé mensuellement. Cette surveillance se fait par des prélèvements et des analyses réalisés mensuellement sur des coquillages bivalves filtreurs fouisseurs et non fouisseurs (coques, palourdes, huitres, et moules).
La surveillance de la contamination des phycotoxines (REPHY) :
La surveillance du phytoplancton et des toxines, coordonnée par l’Ifremer, est organisée dans le cadre du réseau REPHY. Son objectif est de détecter les espèces phytoplanctoniques potentiellement productrices de toxines puis de rechercher ces toxines dans les coquillages des zones d’élevage ou des gisements naturels exploités par des professionnels.
Sur les gisements naturels de coquillages fréquentés exclusivement par les pêcheurs amateurs, il n’y a pas de suivi spécifique du phytoplancton toxique et des toxines. Aussi, suite à de mauvais résultats, les mesures prises (fermeture) sur les points de surveillance de ce réseau peuvent s'appliquer aux zones de pêche à pied récréative à proximité de ces points.
La surveillance de la contamination chimique (ROCCH) :
Le Réseau ROCCH, coordonné par l’Ifremer, est le principal outil de connaissance des niveaux de contamination chimique du littoral. Son objectif principal est d'évaluer les niveaux et les tendances de la cette contamination. Cette surveillance réglementaire porte sur les trois métaux lourds (mercure, plomb, cadmium) ainsi que sur les hydrocarbures (HAP), les dioxines, les PCB.
Dans les zones de production, la pêche à pied de loisirs est autorisée seulement si ces zones de production sont classées en A ou B, au regard des dispositions de l’article R.231-43 du Code Rural.
Les critères bactériologiques de définition des classements des zones de production, sur la base du règlement de la Commission Européenne n°854/2004 du 29 avril 2004, sont présentés dans le tableau ci-après :
Hors zone de production, et en l’absence de réglementation sanitaire applicable aux coquillages ramassés dans le cadre d’une activité de loisir, ce sont les critères applicables aux zones de production qui sont utilisés comme référence.
Pour la pêche à pied de loisir, la classification de la qualité sanitaire des coquillages est la suivante :
Les critères chimiques sont définies par le Règlement de la Commission Européenne n°1881/2006 portant fixation de teneurs maximales pour certains contaminants dans les denrées alimentaires. Ci-dessous sont présentées les principales substances et leurs teneurs maximales :
Substances |
Teneur maximale |
Plomb |
1,5 mg/kg poids frais |
Cadmium |
1 mg/kg poids frais |
Mercure |
0,5 mg/kg poids frais |
Quant aux seuils liés aux phycotoxines, ils sont définis par le Règlement de la Commission européenne, n°853/2004 du 29 avril 2014.
Dans le département de Charente Maritime, la pêche à pied est une activité traditionnelle. Aujourd’hui, elle peut être un métier pour certains mais aussi une activité de loisir pour les habitants du littoral ou les vacanciers, ouverte à tous et bien souvent pratiquée en famille.
Afin de préserver l'environnement marin et de permettre une activité durable, des réglementations encadrent cette activité sur les tailles de coquillages à respecter, sur les périodes et les zones de pêches autorisées.
Sur un plan sanitaire, la consommation de coquillages est susceptible de présenter un risque pour la santé. Aussi, dans ce cadre, l’Agence Régionale de Santé réalise depuis 1996, une surveillance de la qualité sanitaire des sites de pêche à pied de loisir.
Cette surveillance se fait par des prélèvements et analyses réalisés sur des coquillages fouisseurs ou non fouisseurs.
En 2016, ce sont 207 analyses portant sur 24 points de surveillance qui ont été réalisées par le laboratoire départemental sur les gisements coquilliers du littoral Charentais.
Ces analyses permettent de vérifier la présence ou non d’indicateurs bactériologiques de contamination fécale mais aussi la présence ou non de cadmium dans les zones proches de l’estuaire de la Gironde.
Selon les résultats obtenus, chacun de ces points surveillés fait l’objet d’une qualification du niveau de qualité sanitaire. Des messages de recommandation y sont également associés (nécessité de procéder à la cuisson des coquillages).
Pour l’année 2016, la répartition des sites de pêche à pied de loisir, par niveau de qualité bactériologique, est indiqué ci-après :
Les résultats de ces analyses, réalisées de manière mensuelle ou bimensuelle, sont communiqués aux maires des communes littorales qui affichent les résultats au plus près des zones de pêche à pied.
Source : Document réalisé par l’ARS de Normandie
- Choisir les sites éloignés des égouts, ports, zones de mouillage
- Respecter les interdictions de ramassage et de consommation
- Eviter les jours suivant une forte pluie
- Pêcher des spécimens vivants et en bon état : éliminez les coquillages ébréchés ou ouverts et ceux dont l’odeur est suspecte
- Laver soigneusement les coquillages récoltés avant leur consommation
- Conserver-les vivants au réfrigérateur et consommez-les rapidement, le jour même de préférence
- Bien les cuire
Afin de préserver l'environnement marin et de permettre une activité durable, des réglementations encadrent cette activité sur les tailles de coquillages à respecter, sur les périodes et les zones de pêches autorisées.