La télémédecine est une pratique médicale effectuée par un médecin à distance, en mobilisant des technologies de l’information et de la communication. Elle comprend notamment la télé expertise et la téléconsultation, 2 des 5 actes définis par le décret de 2010.
La télé expertise de services experts en Nouvelle-Aquitaine permet de relier les services d’urgences et certains services de recours (unités neuro-vasculaires, chirurgie du rachis, chirurgie de la main, neurochirurgie, chirurgie des brûlés).
La télé expertise permet a` un professionnel de santé de solliciter, à` distance, l’avis de confrères ayant des compétences particulières, via un outil numérique. C’est un acte médical et une action asynchrone, qui concerne deux médecins pendant ou à distance de la consultation initiale avec le patient concerné.
La téléexpertise, comme toute activité médicale, doit être réalisée dans des conditions qui garantissent la qualité et la sécurité des soins.
Elle doit également respecter des exigences spécifiques :
- Le traçage de l’acte médical réalisé
- L’obligation pour les outils numériques d’être conformes aux différents cadres juridiques applicables aux données de santé
Dans le cadre des accords du Ségur de la santé, le développement de la téléexpertise constitue un enjeu clé de la transformation du système de santé.
L’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine a accompagné la structuration du lien en télémédecine entre tous les services d’urgences de Nouvelle-Aquitaine et certaines spécialités de recours régionales. Ceci permet aux médecins urgentistes de solliciter l’avis des experts régionaux pour assurer la prise en charge des pathologies suivantes :
- Accident vasculaire cérébral
- Brûlures graves et intermédiaires
- Traumatismes crâniens et du rachis
- Plaie de la main
L’ARS Nouvelle-Aquitaine, le GRADeS (Groupement Régional d’Appui au Développement de la e-santé) GIP ESEA, l’Observatoire régional des urgences (ORU) N-A et les établissements de santé se mobilisent pour mettre en place ces activités de téléexpertise.
Le GIP ESEA assure un accompagnement auprès des établissements de santé concernés.
Un accident vasculaire cérébral est la perte brutale d'une fonction du cerveau. Il existe deux types d’AVC, les AVC ischémiques et les AVC hémorragiques. Ils surviennent souvent chez des personnes présentant des facteurs de risque.
La gravité de l'accident vasculaire cérébral dépend de la localisation et de l'étendue des zones cérébrales touchées.
Il est provoqué :
- Par un arrêt brutal de la circulation sanguine à l'intérieur du cerveau du fait d’un caillot de sang bouchant subitement le flux sanguin : c'est l'accident vasculaire cérébral ischémique. Une procédure de dissolution de caillot de sang, appelée thrombolyse, est indiquée dans des conditions particulières et lorsqu’une prise en charge rapide est possible.
- Ou par la survenue d'une hémorragie intracérébrale : c'est l'AVC hémorragique.
Les neurologues spécialisés dans les pathologies vasculaires se trouvent dans des unités neurovasculaires (UNV), afin d’offrir une continuité des soins aux patients hospitalisés et une permanence de soins (24h/24) aux nouveaux patients à prendre en charge arrivant à l’UNV, ou sur un site équipé en « télé-AVC », c’est-à-dire système numérique permettant l’acte de téléexpertise.
L’objectif général du télé-AVC est d’améliorer l’accès à la thrombolyse grâce à la télémédecine, afin de limiter les séquelles neurologiques de l’AVC au sein de la population de la région.
Il existe en Nouvelle-Aquitaine, 16 unités neuro-vasculaire.
Ainsi, dans les établissements ne disposant pas d’une UNV, il est possible d’effectuer l’acte de thrombolyse avec l’appui en télé consultation et téléexpertise du neurologue de l’UNV si l’établissement dispose :
- D’un service de médecine d’urgence ouvert 24H/24 où est pris en charge >35 patients/an pour suspicion d’AVC ;
- D’un accès direct au plateau d’imagerie (IRM ou scanner) ;
- D’équipement de télémédecine et d’une convention avec une UNV afin de permettre la téléthrombolyse avant d’y être transféré secondairement.
Chaque année, 9 000 patients environ (dont 30 % d’enfants, et en majorité de moins de 5 ans) sont hospitalisés en France pour des brûlures « graves » ou « intermédiaires ».
Les brûlures graves sont des brûlures qui couvrent :
- Au moins 20 % de la surface corporelle chez les enfants de moins de 5 ans ;
- Au moins 30 % de la surface corporelle chez les patients âgés de plus de 5 ans ;
- Et/ou une partie des voies respiratoires.
Les brûlures intermédiaires représentant 60% des patients brûlés sont des brûlures sans risque vital mais peuvent nécessiter un avis spécialisé. Elles donnent lieu à une hospitalisation en urgences en dehors des centres de traitement spécifiques des brûlés où l’avis spécialisé n’est pas forcement sollicité. Il y a alors un risque de perte de chances pour ces patients et notamment de séquelles fonctionnelles.
Dans ce cadre, la télé expertise permet de relier le CHU de Bordeaux, centre expert régional des grands brulés, aux services d’urgence de Nouvelle-Aquitaine.
Télé expertise en chirurgie du rachis et en neurochirurgie
L’utilisation de la téléexpertise permet aux urgentistes d’établissements de santé ne disposant pas de neurochirurgie ou de chirurgie du rachis, de solliciter un avis de centres autorisés avec une permanence de soins (24h/24) afin d’orienter le patient dans le cas des urgences suivantes :
- Les urgences neurochirurgicales les plus fréquemment prises en charges sont les traumatismes crâniens et rachidiens, l’hypertension intracrânienne, l’hémorragie méningée par rupture anévrysmale, la compression médullaire, la sciatique paralysante et le syndrome de la queue de cheval.
- Les urgences rachidiennes les plus fréquemment prises en charge sont les compressions neurologiques radiculaires cervicales et lombaires avec et sans déficit, les fractures-entorses cervicales-thoracique-lombaire, et les métastases compressives.
Les établissements autorisés à la neurochirurgie et la chirurgie du rachis avec permanence de soins sont :
- CHU de Bordeaux,
- CHU de Poitiers,
- CHU de Limoges,
- CH Côte Basque (CHCB) à Bayonne,
- Polyclinique Navarre à Pau
Télé expertise en chirurgie de la main
Sur chaque territoire infrarégional (Limousin, Nord-Aquitaine, Sud-Aquitaine, Poitou-Charentes), un centre de référence assure une continuité et une permanence des soins pour cette filière 24h/24, tout au long de l’année.
Les centres de référence accueillent les patients qui présentent une suspicion de pathologie chirurgicale, après une consultation dans un établissement ne disposant pas de l’infrastructure nécessaire à une exploration diagnostique adaptée à la situation clinique.
Ils assurent, en outre, un appui technique aux services des urgences et aux SMUR, en délivrant les avis spécialisés dans le cadre de la téléexpertise.
Ils mettent en place un accueil dédié, accessible et bien identifié, ainsi que des salles de consultations pour la prise en charge et le suivi des urgences de la main.
Les centres de références autorisés avec permanence de soins sont :
- Clinique Saint Joseph à Angoulême
- CHU de Limoges
- CHU de Bordeaux
- Hôpital privé Saint Martin à Pessac
- Clinique Aguillera à Biarritz
Cartographie sur le site de la fédération des services d'urgences de la main : https://www.fesum.fr/carte-des-centres-fesum