Le handicap : une difficulté majeure d’accès aux soins
Les personnes en situation de handicap ont des besoins de soins généraux supérieurs à la population générale. Pourtant, différentes études ont permis d’illustrer des difficultés importantes d’accès aux soins curatifs et préventifs. On estime que 75 % des personnes handicapées abandonnent tout ou partie des soins « courants », non liés au handicap et que 50 % d’entre elles souffrent d’une maladie chronique, et nécessitent donc un suivi particulier. Ces obstacles à l’accès aux soins peuvent être liés aux facteurs propres au handicap de la personne (mobilité, crainte des soins, capacités de communication réduites…) ou aux facteurs environnementaux tels que l’accessibilité des locaux et des équipements ou le manque de formation des professionnels à l’accueil et la prise en charge de personnes en situation de handicap.
Depuis le 1er janvier 2022, le baromètre « handifaction » est l’outil de référence de l’Assurance Maladie pour collecter des données sur le handicap. Il permet d’identifier les progrès et les difficultés rencontrées en matière d’accès aux soins des personnes en situation de handicap, ainsi que d’impliquer les patients et leurs accompagnants dans la défense de leurs intérêts. Les derniers résultats soulignent la nécessité d’améliorer la prise en charge des patients en situation de handicap et de leur faciliter l’accès aux soins.
Le baromètre HANDIFACTION donne la parole aux personnes en situation de handicap sur leur accès effectif aux soins quotidiens.
Ce questionnaire a permis, depuis novembre 2015, de recueillir plus de 66 000 réponses dont 3 500 en Nouvelle-Aquitaine.
Suivez en direct les Résultats sur https://www.handifaction.fr/barometre/
Une stratégie régionale pour réduire significativement les inégalités d’accès aux soins
Le principe du déploiement de l’accès aux soins somatiques courants et vient en complémentarité de l’offre de soins existante, pour répondre aux difficultés des personnes à accéder au système de santé. Il repose sur un accès privilégié aux spécialités dans des lieux dédiés, couplé à une démarche d’aller - vers pour les personnes accueillies en établissement médico-social.
Cette politique s’appuie sur une offre de soins graduée :
- A un niveau de proximité pour les soins courants et/ou habituels
- Elle s’appuiera sur l’identification de lieu de consultation en ville à l’échelle départementale afin de faciliter l’accès aux soins des personnes en situation de handicap grâce à un plateau technique adapté, une prise de rendez-vous via un numéro unique connu ainsi que des professionnels dédiés
- Et sur le déploiement du dispositif d’aller (handigynéco) pour garantir l’accès à une prise en charge gynécologique, l’accès à une information et une sensibilisation à la vie affective et sexuelle, adaptées aux personnes en situation de handicap accueillies en FAM (foyer d’accueil médicalisé) et en MAS (Maison accueil spécialisée).
- A un niveau spécialisé
- elle doit permettre l’accès à un panier de soins via des dispositifs de consultations dédiées, adossés à des établissements hospitaliers, lorsque le droit commun ne fonctionne pas en raison de la complexité liée aux handicaps. Elle repose sur un plateau technique adaptés et des professionnels formés au sein d’un établissement de santé (objectif d’au moins 1 par département)
- elle s’appuiera également sur un réseau des référents handicap en établissement de santé dont le rôle est d’organiser un accès au parcours de soins en établissement de santé dans le cadre de l’offre de soins de droit commun en anticipant les conditions de consultation, d’hospitalisation et de séjour au regard des besoins spécifiques (avant et pendant la prise en charge) et en organisant la sortie d’hospitalisation.
- A un niveau de recours pour les situations particulières
Enfin, pour certaines situations qui le nécessitent, une offre sera mise en place au sein d’établissements identifiés comme centre expert de référence, d’une cellule d’orientation et de prise en charge pour différents actes chirurgicaux et médico-techniques non réalisables aux niveaux précédents. L’objectif pour la région est de se doter 3 ou 4 centres de recours.
Les dispositifs de consultations dédiées s'adressent aux adultes et enfants en situation de handicap pour lesquels le recours aux soins dans les conditions habituelles n’est pas réalisable (compréhension, communication, équipements nécessaires, etc.).
Il s’agit de proposer, en lien avec les médecins traitants, un plateau technique concentrant plusieurs types de soins dont au minimum : des consultations de médecine générale, de gynécologie médicale, des consultations dentaires, des examens techniques (électrocardiogrammes, électroencéphalogrammes, bilans sanguins, clichés radiologiques standards).
Ces consultations sont proposées selon plusieurs modes (consultation ou hôpital de jour) afin de limiter la multiplication des déplacements et des attentes. Le patient peut être accueilli avec son accompagnant dans des conditions adaptées (connaissance du handicap, écoute, réassurance, temps dédié allongé, temps d’attente adapté, consultation d’habituation aux soins, aménagement des locaux…).
En Nouvelle-Aquitaine, certains sont déjà déployés dans les départements suivants :
- Charente maritime (17) - Capsoins 17 - Groupe hospitalier La Rochelle-Ré-Aunis (site Marius Lacroix)
- Gironde (33) - Centre Handicap -Maison de santé Bagatelle
- Lot-et-Garonne (47) - HandiSanté 47 - Centre hospitalier la Candélie
- Pyrénées-Atlantiques (64) - Consultation dentaire spécialisée - Centre hospitalier Côte basque
- Pyrénées-Atlantiques (64) - Consultation dentaire spécialisée - Centre hospitalier de Pau
- Deux-Sèvres (79) - Handisanté 79 - Centre hospitalier de Niort
- Vienne (86) - Handimed (handisoins) - CHU Poitiers (site Châtellerault)
- Haute-Vienne (87) - Handiconsult Limousin - Centre hospitalier Esquirol
Initiée en Ile de France, l’expérimentation « Handigynéco en pratique » cherche à répondre aux difficultés d’accès à la prévention et aux soins en santé sexuelle des personnes accueillies en FAM (foyer d’accueil médicalisé) et en MAS (Maison d’accueil spécialisée) par l’intervention de sages-femmes formées au préalable aux spécificités des handicaps dans une démarche « d’aller vers » dans ces établissements.
En Nouvelle-Aquitaine, cette démarche est lancée grâce au partenariat avec l’URPS sages-femmes. Elle repose sur l’intervention de sages-femmes libérales, volontaires et formées au handicap qui réalisent des consultations gynécologiques longues auprès de femmes en situation de handicap et animent des ateliers collectifs de sensibilisation à la vie affective et sexuelle et aux violences faites aux femmes, destinés aux résidents et aux professionnels de ces structures.
Toutes les actions ont lieu au sein des établissements médico-sociaux de la région (170 MAS et FAM) permettant aux femmes et aux usagers de bénéficier d’un environnement favorable.
Des webinaires de présentation de la démarche et des sessions de formation des sages-femmes volontaires auront lieu au cours du premier trimestre 2025.
Conformément à l’instruction du 1er juin 2023 relative au référent handicap en établissement de santé, et aux engagements ministériels lors de la Conférence Nationale du Handicap du 26 avril 2023, un référent handicap est nommé par le directeur de l’établissement de santé.
La mise en place du référent handicap s’adresse à tous les services des établissements de santé concernés, y compris urgences et pédiatrie, en hospitalisation complète ou ambulatoire, ainsi qu’en consultation. Elle s’articule le cas échéant avec les équipes mobiles de l’établissement.
Des référents handicap peuvent également être nommés dans les établissements de santé ne relevant pas du service public hospitalier, afin d’améliorer le parcours du patient en situation de handicap
Le référent handicap assure ses missions auprès des patients, ainsi que des équipes soignantes et administratives, dans le cadre du parcours du patient dans l’établissement de santé. A ce titre, il :
- identifie les besoins spécifiques des patients en situation de handicap dans l’organisation des soins ;
- coordonne les moyens à mettre à disposition pour y répondre ;
- conseille et accompagne le personnel de l’établissement dans l’accueil et la prise en charge des personnes en situation de handicap ;
- assure la diffusion des connaissances et des bonnes pratiques, particulièrement en ce qui concerne les prises en charge urgentes.
- 12 millions de Français sont en situation de handicap
- 80 % d’entre eux ont un handicap invisible (les troubles de l’attention et hyperactivité, les troubles mentaux et émotionnels, les maladies chroniques, les troubles de l’apprentissage, …)
L’orientation prise en Nouvelle-Aquitaine est de mettre en place des cellules d’orientation et de prise en charge pour la chirurgie et les actes médico-techniques dans des centres de référence ou dit de recours. L’objectif est de garantir aux personnes en situation de handicap l’accès aux soins de recours (non strictement lié à leur handicap) autour d’une cellule pluridisciplinaire composé d’un temps de médecin spécialisé en médecine physique et de réadaptation, un coordonnateur (avec un profil ergothérapeute, orthophoniste ou psychomotricien) et de temps de secrétariat.
Ces cellules devront disposer d'un numéro unique communiqué aux professionnels de santé du territoire et au réseau des référents handicap des établissements de santé ainsi que d'un annuaire des ressources dans chaque discipline concernée
Pour en savoir plus
Bulletin officiel Santé - Protection sociale - Solidarité n° 2024/4 du 29 février 2024 :
Bulletin officiel Santé - Protection sociale - Solidarité n° 2023/11 du 15 juin 2023
Instruction du 1er juin 2023 relative au référent handicap en établissement de santé
